Mohamed MBOUGAR SARR - "La plus secrète mémoire des hommes"
Cet écrivain a publié :
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La plus secrète mémoire des hommes — Prix Goncourt 2021
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De purs hommes— 2018
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Silence du chœur - 2017
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Terre ceinte - 2015
J’ai failli abandonner au bout d’une centaine de pages « La plus secrète mémoire des hommes ».
Les mots savants et les passages plus ou moins philosophiques de Mohamed MBOUGAR SARR m’ont dans un premier temps désarçonnée.
D’ailleurs, je n’ai jamais autant utilisé le dictionnaire pour connaître la signification de certains mots comme : transsubstantiation — épectase — bartebyenne — pygaphilie - mystagogie — hexamètres dactyliques — césure trochaïque, etc.
De plus, je me suis aussi souvent perdue dans cette narration perturbée par les noms de famille des personnages dont les vies s’emboîtaient dans celle d’Elimane dans un désordre déroutant.
Résumé
Dans ce roman, le narrateur s’appelle Diégane Latyr Faye.
Il s’agit d’un écrivain d’origine sénégalaise monté à Paris .
Par hasard, il découvre l’existence d’un certain T.C. Elimane, qui a écrit en 1938 « Le labyrinthe de l’inhumain » et qui a disparu après avoir été accusé de plagiat.
Introduit dans le milieu littéraire parisien, Diégane Latyr Faye décide d’enquêter sur cet écrivain maudit.
Il fréquentera des membres de la famille de T.C. Elimane, une photojournaliste Aïda, des écrivains, une éditrice encore vivante qui avait publié « Le labyrinthe de l’inhumain » ainsi que d’autres personnages intelligents, étranges et étonnants.
Le narrateur Diégane Latyr Faye se posera de nombreuses questions
Qui est Elimane ?
- Un plagiaire comme de grands noms de la littérature française le prétendent ?
- Un dévoreur d’âmes qui semble avoir troublé tous les êtres qu’il a rencontrés ?
- Un libertin perverti par les éditeurs qui l’ont découvert ?
- Un enfant parti à la recherche de son géniteur peut-être mort en France dans les tranchées pendant la Première Guerre mondiale ?
- Un homme blessé par les accusations de plagiat dont il a fait l’objet et qui a perdu tous ses repères ?
- Un être doué de pouvoirs surnaturels ?
Je laisse le lecteur de tenter de percer le mystère de T.C. Elimane.
Que dire ?
La narration nous entraîne en Afrique, en France et en Argentine.
De plus, le roman évoque un siècle d’histoire entre la France et le Sénégal.
Y sont également décrites les tranchées de la Première Guerre mondiale, la colonisation et même la Shoah avec une précision exemplaire.
Beaucoup d’autres thèmes sont abordés qui sont toujours d’actualité en 2023.
Que faire quand on quitte son pays d’origine :
y rester, en partir, en revenir ?
Une question que peuvent se poser tous les gens confrontés à ce type de dilemme.
Mais, le principal sujet de ce roman est l’amour de la littérature et des écrivains, le rôle des livres et de notre façon de les lire ainsi que de les comprendre.
Beaucoup de phrases ont retenu mon attention.
J’ai choisi celle-ci pour illustrer mon propos :
« D’un écrivain et de son œuvre, on peut au moins dire ceci : l’un et l’autre marchent ensemble dans le labyrinthe le plus parfait qu’on puisse imaginer, une longue route circulaire, où leur destination se confond avec leur origine : la solitude. »
Pour conclure, je dirais que ce livre ne m’a pas laissée indifférente. Mohamed MBOUGAR SARR possède une maîtrise de la langue française qui suscite l’admiration même s'il comporte des éléments qui peuvent rebuter les lecteurs.
Pendant une centaine de pages, j’ai hésité entre le désir de poursuivre ma lecture et celui d'oublier cet ouvrage.
J’ai persévéré.
La suite de ce récit dont tous les rebondissements complètent le puzzle de la vie de cet auteur maudit m’a convaincu que j’avais pris la bonne décision.
Pour la petite histoire Mohamed MBOUGAR SARR s’est inspiré d’une histoire vraie celle de Yambo OUOLOGUEM dont le premier roman « Le devoir de violence » obtint le Prix Renaudot en 1968.
Comme dans la fiction de Mohamed MBOUGAR SARR, cet écrivain qui avait étudié et vécu en France a été accusé de plagiat. Il repartira dans son pays et finira sa vie dans l’anonymat après avoir publié d’autres ouvrages.
On peut donc s’interroger sur les réactions de la presse française de cette époque ?
J’espère toutefois que Mohamed MBOUGAR SARR poursuivra la carrière littéraire prometteuse qu'il mérite.
Mais, ce roman ne conviendra pas à tous les lecteurs. J'en ai conscience et je le comprends pour les réserves que j'ai signalées.
Cet avis n'engage que moi.
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