CURTIS Jean-Louis - "Un jeune couple"
Cet écrivain est né en 1917 et il est mort en 1995.
En 1972, il a reçu le grand prix de littérature de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre.
En 1986, il sera élu membre de l’Académie française.
Le prix Goncourt 2010, Michel Houellebecq lui rendra hommage dans un passage de son roman « La Carte et le Territoire ».
Il écrira notamment une phrase que peu de lecteurs remarqueront : « vous vous en foutez de Jean-Louis Curtis, vous avez tort d’ailleurs »
Michel Houellebecq a souvent évoqué Jean-Louis CURTIS dont il saluait les analyses qui opposaient dans ses ouvrages la France d’hier à celle du monde moderne avant 1968. D'ailleurs, on pourrait qualifier Jean-Louis CURTIS de visionnaire.
Quelques-unes de ses œuvres
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Les Jeunes Hommes, 1946, Prix Cazes
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Gibier de potence, 1949
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Haute École, Paris, 1950
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Chers corbeaux, 1951
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Les Justes Causes, 1954
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L’Échelle de soie, 1956
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Un Saint au néon, 1956
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La Parade, 1960
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Cygne sauvage, 1962
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Traduction du Roi Lear, 1965
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La Quarantaine, 1966
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Un jeune couple, 1967
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Le Thé sous les cyprès, 1969
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Un miroir le long du chemin, 1969
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Le Roseau pensant, 1971
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La Chine m’inquiète, 1972
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Questions à la littérature, 1973
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L’Étage noble, 1976
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L’Horizon dérobé, 1978
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La Moitié du chemin 1980
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Le Battement de mon cœur, 1981
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Le Mauvais Choix (1984),
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Le Temple de l’amour, 1990,
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Une éducation d’écrivain, 1992,
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La France m’épuise, 1982,
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Le Monde comme il va, 1995,
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Andromède, 1996.
Il travaillera également pour le cinéma, et effectuera des traductions.
Résumé : "Un jeune couple"
Gilles Ferrus est très amoureux de sa femme Véronique.
Il n’a besoin que d’elle pour être heureux.
Elle, par contre, veut sortir dans les endroits à la mode de préférence luxueux.
Il lui faut s’exprimer sur des choses intellectuelles sans réellement les avoir approfondies avec des personnes aussi superficielles qu’elle et donc avoir vu et lu ce dont tout le monde parle.
Il lui faut posséder des biens et vivre dans un beau cadre. Pour résumer, il lui faut paraître pour avoir l’impression d’exister.
Dès leur voyage de noces à Venise, Gilles perçoit ses différences entre eux, mais il refuse d’y attacher de l’importance. À Venise, Véronique laisse échapper des remarques pour souligner la modestie de leur chambre. Elle la compare à celles de l’hôtel Danieli. Un endroit où elle aurait aimé séjourner pour surtout épater ses copines.
De retour à Paris, ils cherchent un appartement. Mais en trouver un conforme aux exigences de Véronique s’avère impossible. Compte tenu de leurs revenus et de l’arrivée d’un bébé, ils doivent se contenter d’un petit logis.
Entre les repas de famille où les deux façons de vivre, et de penser de leurs parents respectifs se télescopent, Gilles et Véronique entament progressivement le détricotage de leur histoire d’amour.
La naissance de leur fille les amènera à changer de logement, mais ne comblera pas Véronique qui s’ennuie dans la banalité de sa vie.
Pour lui faire plaisir, Gilles acceptera de sortir au restaurant et dans les lieux à la mode avec un couple d’amis de Véronique qu’il n’apprécie guère pour l’indigence de leurs propos. Gilles se posera des questions sur ce monde qui se matérialise bien éloigné de ce qu'il aime.
À tel point qu’il refusera d’entrer chez Universal Motors en tant qu’ingénieur, car il doit signer un formulaire d’allégeance à cette Société. Il considère cet engagement comme une atteinte à sa liberté.
Une position que n’approuvera pas Véronique et qui achèvera de creuser le fossé qui s’est installé entre eux.
Il soupçonnera sa femme de le tromper. Conscients que le devenir de leur couple est compromis, ils choisiront de divorcer. Il obtiendra la garde de sa fille. Quant à Véronique, elle vivra enfin la vie mondaine à laquelle elle a toujours aspiré en se remariant avec un être aussi superficiel qu’elle.
Que dire ?
Cette histoire se passe en 1968. Elle pourrait se dérouler en 2024.
Derrière cette façade, se dévoile une fresque passionnante qui explique l’évolution d’un couple qui va de pair avec celle de la société française d’après la Seconde Guerre mondiale.
Jean-Louis CURTIS annonce avec audace, sincérité, objectivité ce qu’est en train de devenir son époque sans savoir qu’elle est désormais la nôtre en ce début de XXIe siècle.
Il serait peut-être navré de constater que nous avons perdu notre indépendance, et ce dans tous les domaines.
Il est nécessaire de relire les auteurs oubliés des siècles passés. C'est ainsi que se mesure l'évolution d'une société.
Cet avis n’engage que moi.
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