BENAMEUR Jeanne - "Ceux qui partent"
C' est une écrivaine française née en 1952 en Algérie.
Elle a obtenu de nombreux prix littéraires :
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1993 : Grand prix des jeunes lecteurs de la PEEP pour Samira des quatre-routes
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2001 : prix UNICEF pour Les Demeurées
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2001 : prix 12/17 (Brive-la-Gaillarde) pour Et même si les arbres meurent
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2003 : prix Édouard-Leclerc du roman jeunesse pour La Boutique jaune
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2006 : Prix du livre en Poitou-Charentes
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2012 : Prix du roman d'entreprise pour Les Insurrections singulières
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2013 : Grand prix RTL-Lire pour Profanes
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2016 : Prix littéraire Jackie-Bouquin 201610 pour Otages intimes
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2019: Prix coup de cœur du prix de poésie Vénus Khoury-Ghata pour L'exil n'a pas d'ombre
Résumé
En 1910, Donato Scarpa, un célèbre comédien italien, veuf inconsolable, et sa fille Émilia passionnée par la peinture accostent à Ellis Island, une île considérée à cette époque comme l’entrée principale des immigrants pour arriver aux États-Unis. Certains seront acceptés et d’autres refoulés en raison de leur santé ou de leur passé.
Sur le pont du paquebot, Émilia se lie avec Esther Agakian, jeune arménienne qui fuit la persécution exercée sur son peuple par les Turcs et qui dessine des robes qu’elle voudrait voir sur toutes les femmes.
« De savoir qu’Émilia et son père seront avec elle, elle a le cœur gonflé de gratitude. Elle n’est plus seule. Des mains tendues. Voilà ce qu’elle écrit. Des mains tendues. Ce ne sont plus des mains de morts qui la soutiennent. Enfin, il y a à nouveau des mains vivantes maintenant et elle se sent prête à les prendre. »
Le père d’Émilia, lit « L’Eneïde d’Enée » pour rassurer tous ces gens que l’attente ronge même s’ils ne saisissent pas le sens des phrases que Donato Scarpa prononce.
Après, cette première journée et cette première nuit, tous savent qu’ils devront accoucher d’une nouvelle langue sans oublier la leur. À sa façon, Donato Scarpa le leur fait comprendre.
« Une langue est plus sûre qu’une maison. Rien ne peut la détruire tant qu’un être la parle. Nous le savons nous qui ne possédons plus rien, ou si peu de chose. Tant que nous parlons notre langue, notre Pays, même loin, même dévasté, est habité. »
Andrew, jeune photographe new-yorkais, utilise son appareil pour capter des expressions sur les visages des immigrants lorsqu’ils arrivent à Ellis Island.
Peut-être essaie-t-il de se rapprocher ainsi du passé de sa famille venue d’Islande quelques siècles auparavant ?
Ce jour-là, il est frappé par la dignité qu’affiche Donato Scarpa, par la beauté d’Émilia, et par le regard émerveillé que pose Gabor, sur la jeune fille.
Le jeune tsigane qui projette de gagner l’Amérique latine utilise son violon pour retenir l’attention de la jeune fille qui répond à sa musique en libérant ses cheveux pour exécuter quelques pas de danse.
« Elle n’était pas seulement la fille de Donato et de Grazia. Pas même seulement une fille de Vicence ou d’Italie. Là, quelque chose de plus vaste avait pris place en elle. Elle était elle aussi une part de la grande humanité inconnue qui tente de vivre, c’est tout. »
Pour Émilia, il ignorera Marucca, la fille sauvage du chef du groupe de gitans qui l’attend pour partir en Argentine.
Plus tard, Andrew retrouvera la jeune prostituée Hazel qui entre chaque client lit un roman. Ce qui lui permet d’oublier ce que fait son corps.
« Avant de quitter la chambre, il a demandé à Hazel d’où venait son léger accent, de quel pays, et après l’avoir regardé pensivement elle a répondu à sa façon brève Le pays de la misère. Surpris, il a demandé., Mais encore ? et elle a mis fin à la conversation en ajoutant Peu importe ! quand on a vécu dans ce pays-là, c’est le seul. »
Pendant plus de 150 pages, la beauté des phrases qui s’alignent justifie le titre de ce roman.
Puis, tout se gâte, avec l’impression de lire du Danielle Steel surtout lorsque se greffe la relation sexuelle débridée que vivent pendant la nuit et jusqu’au matin, Gabor et Émilia.
Et quand après cette nuit torride, le lecteur en sort vermoulu pour assister aux ébats amoureux des parents d’Andrew.
Ensuite, le lecteur doit plonger dans les aventures qui ont amené les ancêtres d’Andrew de l’Islande à l’Amérique.
Il sera même contraint de noter avec désespoir l’américanisation de la mère d’Andrew et son souhait qu'Andrew épouse la jeune fille blonde qu’elle lui réserve.
Je laisse le soin aux lecteurs de découvrir la suite de cette histoire qui ne correspond plus au titre du livre.
Que dire ?
Dans "ceux qui partent" un lien se noue entre tous les personnages que décrit Jeanne BENAMEUR. Les phrases défilent comme des incantations destinées à magnifier l’immigration.
Le lecteur peut se demander d'ailleurs où Jeanne BENAMEUR veut en venir.
Puis, très rapidement surgissent des paragraphes vrais, magnifiques et poétiques qui font oublier ce sentiment négatif.
« Les émigrants ne cherchent pas à conquérir de nouveaux territoires. Ils cherchent à conquérir le plus profond d’eux-mêmes parce qu’il n’y a pas d’autre façon de continuer à vivre lorsqu’on quitte tout.
Ils dérangeront le monde où ils posent le pied par cette quête même.
Oui, ils dérangeront le monde comme le font les poètes quand leur vie même devient poème.
Ils dérangeront le monde parce qu’ils rappelleront à chacun, par leur arrachement consenti et leur quête, que chaque vie est un poème après tout et qu’il faut connaître la manque pour que le poème sonne juste.
Ce sera leur épreuve de toute une vie, car lorsqu’on dérange le monde, il est difficile d’y trouver une place. »
Cet ouvrage est très compliqué à résumer, car il ne se passe rien de particulier sur le pont de ce paquebot.
Par contre, le style d'écriture de cette auteure se remarque même si la dernière partie est décevante.
Sujet dramatique, l'immigration toujours d’actualité en 2024 aurait mérité un développement différent.
Jeanne BENAMEUR a publié de nombreux romans, des nouvelles, du théâtre, et de la poésie.
Son œuvre est considérable. J'invite mes lecteurs à consulter Vikipédia pour noter les livres susceptibles de les intéresser.
"Ceux qui partent" m'a permis de rencontrer une auteure, dont je l'avoue, je n'avais jamais entendu parler, mais qui a réveillé ma curiosité.
Cet avis n'engage que moi.
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