GAUDE Laurent - "Eldorado"
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Romans
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La Mort du roi Tsongor, 2002 - prix Goncourt des lycéens et prix des libraires
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Le Soleil des Scorta, 2004 - prix Goncourt
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Paris, mille vies, 2020
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Chien 51, 2022
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Terrasses ou notre long baiser si longtemps retardé, 2024
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Résumé
Dans ce roman, plusieurs histoires se croisent.
Débute celle du commandant Piracci qui navigue sur son bateau Zeffiro au large des côtes siciliennes afin de recueillir les embarcations des clandestins. Son travail consiste à les conduire ensuite dans les camps des migrants de l’île de Lampedusa.
Le commandant Piracci après chaque traversée s’arrête dans la ville de Catane pour voir et bavarder avec un de ses amis.
À plusieurs reprises, il a l’impression que quelqu’un le suit. Un soir, une femme l’apostrophe. Elle le connaît. Il ne la reconnaît pas. Elle lui rappelle qu’une nuit, il l’a secourue alors qu’elle n’avait que la mort pour tout avenir. Rassurée par le comportement du commandant, elle lui livre les drames bouleversants qu’elle a vécus depuis ce sauvetage.
À Beyrouth, elle était montée sur un gros bateau au milieu de cinq cents personnes avec son petit garçon de onze mois. Il y avait des Kurdes, des Irakiens, des Iraniens, des Afghans et des nationalités qu’elle n’avait pas su identifier. Ils s’étaient tous entassés en pleine nuit, dans plusieurs embarcations. Puis, ils avaient tous été abandonnés en pleine mer par l’équipage sans nourriture, sans eau et sans aucune explication.
Elle lui raconte que son petit garçon était mort dans ses bras de faim et de soif.
Quand le commandant l’avait trouvée, elle était recroquevillée sur elle-même, plongée dans un désespoir qui n’avait pas de mots pour l’exprimer.
Le commandant Piracci se souvenait de cette femme qu’il avait aidée, mais surtout de sa dignité lorsqu’elle était parvenue à se lever. Il n’avait jamais oublié son attitude qui semblait dire que désormais elle se débrouillerait pour s’en sortir. Il ne l’avait pas revue.
Elle lui explique qu’elle veut venger son enfant et qu’elle envisage de tuer le puissant et riche patron des passeurs. Elle le supplie de lui donner une arme.
Il hésitera, mais lui remettra un vieux pistolet dont il ne se servait plus depuis longtemps.
Il n’entendra plus jamais parler d’elle et ne saura pas si elle avait atteint son eldorado.
Désorienté par cette rencontre, le commandant Piracci reprendra ses activités. Il acceptera de plus en plus difficilement le rôle qu’on lui fait jouer.
Il en arrivera même à se rebeller. Il décidera de rompre avec la réalité d’un métier qu’il n’envisage plus d’accomplir. Il ne se présentera pas à la convocation de sa hiérarchie. Il déchirera ses papiers. Il s’enfuira et deviendra à son tour un clandestin. Trouvera-t-il son eldorado, et comment ?
Il y a aussi l’histoire de Soleiman qui fuit le Soudan en compagnie de Jamal qui, au dernier moment, lui avouera qu’il est malade du sida et qu’il va mourir. Soleiman s’arrachera à Jamal et partira animé par le désir de réussir pour aider son frère bien-aimé. Sur sa route, il rencontrera Boubakar qui le comprendra. Il devinera que Soleiman a volé et violenté un marchand pour pouvoir poursuivre leur voyage après avoir été dépouillés, frappés et lâchés par les passeurs au milieu de nulle part. Ils continueront leur périple ensemble. Ils auront soif, ils auront faim, mais ils lutteront. Ils arriveront enfin au Maroc et s’approcheront de l’enclave espagnole de Ceuta.
J’abandonne les lecteurs à leurs interrogations. Soleiman, Boubakar et leurs compagnons atteindront-ils ou pas cet eldorado ?
Que dire ?
Cet écrivain ne se compare pas à Zola, Balzac, Proust, Cohen et à tant d’autres tout aussi illustres.
Cependant, il nous dépeint avec les mots de notre époque une réalité toujours d’actualité en 2024.
L’immigration clandestine y est décrite avec précision, délicatesse, retenue sans pourtant occulter la peur, la fatigue, la volonté, l’endurance qui parfois transforment ces hommes en bêtes sauvages. Certains retrouveront l'humanité qu'ils possédaient en quittant leur pays. Beaucoup d'autres la perdront.
Quelques personnes pointeront les défauts de ce roman. Ils existent.
On pourrait par exemple s’interroger sur la conduite du Commandant. On pourrait effectivement !
Cependant, « Eldorado » véhicule des idées qui amènent les lecteurs à réfléchir.
Tous les livres publiés actuellement ne nous offrent pas une telle opportunité.
Comme je le répète souvent, la lecture est un voyage dont on ne revient pas tous avec les mêmes impressions.
Cet avis n’engage que moi.
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