MAUROIS André - Quelques titres connus et inconnus
Né en 1885 et mort en 1967, il devint membre de l’Académie française en 1938.
Quelques livres publiés par André MAUROIS
- Les Silences du colonel Bramble
- Les Discours du docteur O’Grady
- Ni ange ni bête
- Bernard Quesnay
- La vie Disraeli
- Climats
- Le cercle de famille
- L'instinct du bonheur
- Terre promise
- Les roses de septembre
André MAUROIS fut un élève du philosophe ALAIN. Il fut un romancier connu, un biographe, un conteur et également un essayiste français.
Anglophone et angliciste, il servit pendant la Première Guerre mondiale d’officier de liaison auprès de l’armée britannique.
Puis, il prit la direction de l’entreprise familiale pendant une dizaine d’années.
La guerre lui inspirera deux ouvrages que j’avais lus à l’adolescence.
Il s’agissait de :
— Les Silences du colonel Bramble (1918), qui le rendirent immédiatement célèbre,
et
Les Discours du docteur O’Grady (1921).
Le premier publié en 1918 inspiré par son statut d’interprète auprès des officiers des troupes britanniques a été construit autour d’une conversation, entre officiers anglais, écossais, irlandais, français. Cette dernière aurait pu être banale si elle ne s’était pas déroulée pendant la guerre. Il y traduit notamment dans cet ouvrage un poème de Ruydard Kipling « IF “connu en France lors de sa traduction et réécriture sous le nom de ‘tu seras un homme, mon fils’.
Dans le second, publié en 1921, toujours influencé par son expérience d’interprète, André MAUROIS analyse avec finesse la personnalité des officiers britanniques. Il met en évidence dans ce roman l’extrême réserve des sentiments, l’humour, le calme, le courage, le sérieux, mais aussi la légèreté de ces hommes. On y retrouve d’ailleurs dans ce récit les personnages figurant dans ‘Les silences du colonel Bramble’.
Ces deux livres m’ont permis de remarquer qu’André MAUROIS avait été fortement influencé par la culture britannique. En effet, il place souvent dans quelques-uns de ses ouvrages des êtres, des histoires, et des citations anglaises.
C’est ainsi qu’au fur et à mesure de mes relectures, l’idée que je me faisais de cet écrivain dans ma jeunesse et dans ma vie d’adulte a évolué.
En 1919, par exemple, il publia un roman peu connu ‘Ni ange ni bête’.
Cette histoire retrace dans les années 1845 et sous Louis Philippe les aventures révolutionnaires d’un jeune ingénieur.
On y retrouve la fougue, l’enthousiasme et les désenchantements des personnages décrits par de grands auteurs comme BALZAC et ZOLA.
Même si à la fin, cet homme comprend que le véritable bonheur se trouve auprès de sa femme, le lecteur pensera certainement qu'il manque dans ce récit un brin de romanesque.
Défaut qu’il aura en partie supprimé dans son prochain roman publié en 1922 et intitulé "Bernard Quesnay".
Cette histoire a visiblement été influencée par son passage dans l’entreprise familiale. André MAUROIS utilisera avec talent pour l'écrire une veine psychologique et morale courante chez certains bourgeois en ce début de XXe siècle.
La présence d’une femme dans ce récit facilite l’intérêt que le lecteur sera obligé de porter sur le métier, l’environnement, la personnalité du personnage de "Bernard Quesnay ».
Les romans qui suivront apporteront à André MAUROIS un public surtout féminin.
En 1923 décédera sa première femme qu’il aura passionnément aimée et à qui il aura tout pardonné notamment ses infidélités.
Il épousera en 1926 Simone de Caillavet qui se consacre à ce veuf qui ne l’aimera jamais comme il a aimé sa première femme. Elle se met à son service et met à son service ses relations.
Il semblerait qu’André MAUROIS fut comme certains de ses héros, un homme qui a aimé sans être aimé puis qui est aimé sans aimer.
Mais avant de me lancer dans l’aspect romanesque de son œuvre, j’ai voulu relire
‘La vie Disraeli’, un livre publié en 1927 que je qualifie de fresque historique.
Je ne connaissais pas ce personnage qui fut pourtant très proche de la Reine Victoria et qui passa pour un homme prodigieusement doué, persuadé d’avoir un destin. Il entra en littérature puis en politique avec succès.
Cette biographie bien documentée ne m’a cependant pas convaincue peut-être parce que le héros m’était inconnu.
Le premier mariage d’André MAUROIS se termina avec le décès de sa femme Jane-Wanda de Szymkiewicz. Elle lui inspirera ‘climats’ qu’il publiera en 1928.
Les différents climats amoureux qui régissent la vie d’un couple y sont parfaitement décrits avec délicatesse, sensibilité et intelligence.
Ces observations sont relatées dans la première partie par l’homme. Il y détaille les chagrins qu’il éprouve lorsqu’il constate que sa femme se détache de lui pour le quitter avant de mourir.
Dans la seconde partie, sa deuxième femme à qui il confessera ses peines comprendra et respectera cet ancien amour, mais en souffrira encore plus lorsqu’elle saisira que son mari ne correspond pas à l’image qu’elle s’en faisait au début de leur rencontre.
Elle passera son temps à noter ses observations, à l’épier et découvrira avec douleur combien sa première femme a marqué la personnalité de cet homme remarquable en lui apportant une frivolité étonnante chez quelqu’un qui avait reçu une éducation sévère.
En effet, sans le savoir peut-être, il poursuit la femme qu’il a aimée chez toutes les femmes qui traversent son existence.
Elle acceptera cet homme fragile tel qu’il est jusqu’à la fin de sa vie.
Une situation qui paraîtrait insupportable à la majorité des femmes de ce début de XXIe siècle.
Il y a une profonde sensibilité dans cet ouvrage, peut-être le meilleur du cycle romanesque. D'ailleurs, j'ai eu parfois l’impression qu’il aurait pu être écrit par une femme.
En 1932, il publia ‘le cercle de famille’.
On y retrouve des êtres qui figurent ou figureront dans la plupart de ses romans. Ils évoluent dans un milieu aisé, identique à celui d'André MAUROIS.
Ces personnages seront la proie des déchirements, des calculs, que connaissaient les femmes de cette époque quand elles étaient notamment mal mariées.
Quant aux hommes, ils avaient leur vie et on la devine !
En 1934, il poursuivra dans la voie romanesque avec ‘L’instinct du bonheur’ un ouvrage qui ne fit pas parler de lui, car considéré comme un brin désuet par certains critiques.
Une opinion que je partage.
C’est en 1946 qu’il publia ‘‘Terre promise’ ce livre qui m’avait tant charmé en 1964.
Histoire d’une jeune femme dont l’éducation et les lectures étoufferont la sensibilité.
Ce qui l’amènera à détester et redouter l’acte de chair. Une froideur qui attirera pourtant des hommes puissants et brillants.
Ce n’est qu’à la fin de sa vie qu’elle parviendra peut-être à accepter l’homme tel qu’il est en renonçant à ses propres exigences.
Dans ce roman, la sexualité y est réprimée avec violence sans y être niée.
En 1956, il écrivit ‘Les roses de septembre’ en souvenir de la dernière femme qu’il avait rencontrée en 1945 et aimée, une certaine Maria Rivera.
Il était à cette époque marié avec sa seconde épouse, Simone de Caillavet.
Ce roman qui raconte les derniers sursauts amoureux d’un homme vieillissant pourrait être difficilement compris par la jeunesse de ce début de XXIe siècle.
Quant à la femme bafouée, je doute fort que nos sexagénaires actuelles pardonnent avec autant de dignité et de mansuétude les incartades de l’époux.
Il serait intéressant de connaître l’avis des hommes et des femmes du XXIe siècle.
Pourquoi ai-je souhaité parler d'un écrivain désormais tombé dans l'oubli ?
Tout simplement pour mettre en évidence que certains écrivains utilisent l'écriture pour raconter leur vie pendant que d'autres utilisent des fantasmes pour imaginer celle qu'ils auraient aimé vivre.
Dans l'œuvre de Maurois, raconter sa vie saute aux yeux.
Voir le livre de
BONA Dominique - "Il n'y a qu'un amour" sur André Maurois
Cet avis n'engage que moi.
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